
Ça commence par un pont. Ou une passerelle, pour les plus timides. Du rivage de La Comédie, dénouement ultra existentiel de Tambour Vision, à celui de L’Inconnu en personne, cultivant une intériorité synthétique qui ne demande qu’à être partagée. Un « état de nos coexistences » refusant les jugements hâtifs. Le tempo s’accélère, les cordes s’élèvent avec grâce. Et le timbre de Bertrand Belin résonne comme personne.
Depuis la parution de Tambour Vision, en 2022, on l’a vu dans deux films, Le Roman de Jim des frères Larrieu (avec qui il avait déjà tourné Tralala) et L’Amour et les forêts, de Valérie Donzelli. Au théâtre également dans En travers de sa gorge de Marc Lainé. Et puis il a écrit un nouveau livre, La Figure. Où, en filigrane, il commente le théâtre de ses origines, flanqué d’un drôle d’alter ego, guide dantesque, voix intérieure devenue camarade de chaque instant. S’y distingue, une fois encore, la scansion de son verbe, son goût pour la structure circulaire. Lesquelles se retrouvent dans Watt. Bertrand Belin manipule toujours une matière malléable, une pop volontairement égarée entre rock et chanson, moirée de jazz et de blues, habitée par une question qui le passionne, au même titre que nous tous, d’ailleurs : la verticalité.